Grâce à sa connaissance poussée de la chimie de la biomasse, Bloom Biorenewables a développé une technologie permettant d’en séparer efficacement les composants. Elle commercialise des molécules destinées à la fabrication de solvants et polymères et vise la production de carburants renouvelables.
Pour Remy Buser, co-CEO et cofondateur de Bloom Biorenewables, pas de doute: le potentiel de la biomasse pour remplacer le carbone issu du pétrole est largement sous-estimé. Grâce à une connaissance poussée de la chimie des plantes, l’entreprise a développé une technologie unique et prometteuse permettant de séparer efficacement tous ses composants. En effet, si l’on parvient depuis longtemps à isoler la cellulose (qui représente environ 40% du poids total), le reste était jusqu’à présent jeté ou brûlé. Face au besoin urgent d’accéder à du carbone renouvelable, la spin-off de l’EPFL a ainsi développé une technologie permettant d’extraire, sans altération, les autres composants de la biomasse, à savoir la lignine et l’hémicellulose.
Six familles de brevets ont été déposées par l’entreprise afin de couvrir ses procédés, les structures chimiques utilisées, ainsi que les applications finales. «La valeur ajoutée est dans ce bio raffinage», ajoute le co-CEO. Ces molécules entrent dans la composition de solvants et de polymères, en lieu et place des dérivés pétroliers. L’entreprise les commercialise aujourd’hui à l’industrie de la fragrance – notamment au géant suisse DSM-Firmenich –, la chimie et la construction. En février 2021, Bloom Biorenewables recevait le premier soutien financier délivré par le fonds Breakthrough Energy Ventures Europe, piloté par Bill Gates.
La production est assurée par une unité pilote – dont l’échelle est suffisante pour valider les marchés –, en partenariat avec la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg. Une levée de fonds doit permettre à l’entreprise de construire sa propre usine afin de convertir, dès 2025, des volumes de l’ordre du millier de tonnes de biomasse par an.
À l’horizon 2030, Bloom Biorenewables vise la conclusion d’une joint-venture avec un acteur industriel pour la construction d’un site de production qui permettra de convertir 80 000 tonnes de biomasse chaque année. À terme, l’entreprise ambitionne en effet de commercialiser des carburants renouvelables pour l’aviation et le transport maritime. «Nous commençons par sécuriser des marchés plus petits sur lesquels nous pouvons réaliser des marges importantes, mais notre vision est de proposer des solutions pour diminuer les émissions de CO2 à l’échelle internationale», soulignent les co-CEOs Florent Héroguel et Remy Buser. «Et ceci n’est possible qu’avec de très gros volumes.»