Créer une économie circulaire durable pour les plastiques. Voilà l’ambition de DePoly, grâce à un processus chimique innovant permettant de décomposer les plastiques en matières premières réutilisables. En phase de démonstration industrielle, cette technologie pourrait augmenter de façon conséquente la part de plastiques recyclés dans le monde.
52% des émissions mondiales de CO2 sont liées aux plastiques. Et seuls 9% d’entre eux seulement sont actuellement recyclés, le reste étant incinéré ou envoyé en décharge. C’est en réponse à ce fléau que DePoly, spin-off de l’EPFL Valais/Wallis, a développé une solution prometteuse pour la gestion de ces déchets, basée sur une réaction chimique permettant de décomposer les plastiques en matières premières réutilisables. «Notre processus permet de recycler des plastiques pré-consommation, post-consommation et post-industriels, c’est-à-dire non seulement le PET mais aussi le PLA (acide polylactique), le PBT (polytéréphtalate de butylène) et le PU (polyuréthane)», résume Samantha Anderson, cofondatrice et CEO de l’entreprise. Ce processus, appelé dépolymérisation, consiste à fractionner les liaisons chimiques des plastiques afin d’obtenir du monoéthylène glycol (MEG) d’une part, et de l’acide téréphtalique (PTA) d’autre part, soit respectivement un liquide et une poudre permettant de reproduire du PET identique au matériau d’origine. Et ce, sans prélavage ni tri préalable des plastiques à traiter.
«Les matières générées à partir de ces polymères sont les mêmes que celles actuellement produites par l’industrie pétrolière», confirme-t-elle. Mais à la clé, moins d’émissions de CO2, moins de déchets plastiques (et microplastiques) et moins de dépendance à l’industrie pétrolière. En fonctionnant à température ambiante, le procédé développé par DePoly présente en outre l’avantage de réduire de près de deux tiers l’énergie nécessaire à la production de PET recyclé par rapport au PET dit vierge.
La phase pilote a permis de démontrer l’efficacité du processus chimique. Une usine de démonstration, opérationnelle en Suisse dès 2025, doit permettre de traiter environ 500 tonnes de PET par an. La première installation industrielle devrait quant à elle fonctionner à l’horizon 2027 – 2028. À terme, DePoly entend proposer sa technologie au-delà des frontières helvétiques. «Nous avons travaillé avec des entreprises en Europe, aux États-Unis, au Japon, en Corée ou encore au Mexique, dans le cadre de projets de validation de principe», ajoute Samantha Anderson. En 2020, un levée de fonds initiale a permis de lever 1,3 million de francs, suivi d’un investissement à sept chiffres en 2023.
Il faut dire que le potentiel est énorme. Selon elle, tous les déchets de PET qui ne peuvent pas être recyclés mécaniquement pourraient théoriquement être traités grâce à ce procédé. «Nous aidons les entreprises à atteindre leurs objectifs de durabilité en leur fournissant des matières premières recyclées dont l’empreinte CO2 est inférieure à celle des produits à base de pétrole», souligne-t-elle. «Notre processus ne craignant pas les contaminants, nous pouvons également réorienter vers le processus de recyclage des plastiques qui, sans cette alternative, seraient incinérés.»