23 mai 2024

H55, objectif aviation zéro émission 

Pour prendre le virage électrique, l’aviation a besoin de batteries. Les systèmes de propulsion électrique développés par H55 marquent une première étape dans la décarbonation massive de l’aéronautique. La première application est certifiée pour des avions biplaces destinés à la formation des pilote. 

Développer des systèmes de propulsion électrique sûrs et abordables pour l’industrie aéronautique. Telle est l’ambition de H55. Spin-off de Solar Impulse, l’entreprise bénéficie d’un héritage technologique de vingt ans d’expérience en matière de conception, de développement, de certification et de vol électrique. «Nous apportons une réponse concrète aux besoins et objectifs de neutralité carbone de l’aéronautique», résume André Borschberg, cofondateur et Président Exécutif. En ce sens, l’entreprise développe des systèmes de propulsions certifiés, comprenant le système de stockage d’énergie, les batteries, les systèmes de gestion et les interfaces, ainsi que l’unité de puissance électrique incluant le moteur électrique et ses contrôleurs. Son premier système de propulsion électrique certifié CS-23 niveau 1 (avions légers pour la formation des pilotes) fin 2024, équipera ensuite des avions jusqu’à 19 places. Une première en Europe! 

Pour commencer, H55 vise en effet la conversion de l’aviation légère existante. «C’est le plus facile et le plus rapide», ajoute-t-il. Selon lui, des centaines de petits avions pourront effectuer des vols courts 100% électrique, notamment dans les flottes destinées à la formation des pilotes. L’étape suivante sera celle de la transformation de l’aviation régionale. H55 entend ainsi permettre de faire voler des avions régionaux grâce à un moteur hybride, avec une cinquantaine de passagers à bord. Soit un potentiel d’économie de CO2 estimé à 30% par rapport à un avion classique de même catégorie. L’idée est ensuite de remplacer la partie kérozène par un fuel synthétique. D’autres projets hybrides, en lien avec l’hydrogène, devraient également arriver sur le marché d’ici une quinzaine d’années. Et même si les vols transatlantiques d’avions commerciaux 100% électrique ne sont pas pour demain, André Borschberg rappelle que chaque pas est important dans un secteur représentant aujourd’hui 3% des émissions mondiales de CO2

H55 compte une centaine d’employés, parmi lesquels de nombreux ingénieurs. Implantée en Valais, elle a également une filiale au Canada et une filiale en France, à Toulouse. «La R&D est faite en Suisse, mais nous souhaitons rapprocher le plus possible la production de nos clients», souligne-t-il. Les marchés visés sont en effet l’Europe et l’Amérique du Nord. L’entreprise collabore notamment avec Pratt & Whitney Canada, CAE et Piper. Son plan de développement prévoit un chiffre d’affaires proche du milliard de francs au début des années 2030. Il faut dire que la demande est énorme; des centaines de projets d’avions électriques et autres taxis volants sont en cours partout dans le monde. «Sécurité oblige, les normes évoluent lentement dans le domaine de l’aéronautique», nuance toutefois André Borschberg. «La technologie est là, c’est l’humain qui suit moins vite pour la mettre en œuvre.»